vendredi 29 novembre 2013

Pavese


La Mer, l'Amer......

 La mer est encore sombre, les étoiles vacillent
 quand l’homme seul se lève. Une tiédeur d’haleine
 s’élève de la rive, où la mer a son lit,
 et apaise le souffle. C’est l’heure maintenant
 où rien ne peut arriver. La pipe elle-même pend
 entre les dents, éteinte. L’eau murmure tranquille, nocturne.
 L’homme seul a déjà allumé un grand feu de branchages
 et regarde le sol qui rougeoie. Bientôt la mer sera
 elle aussi comme le feu, flamboyante. 

Il n’est chose plus amère que l’aube d’un jour
 où rien n’arrivera. Il n’est chose plus amère
 que l’inutilité. Lasse dans le ciel, pend
 une étoile verdâtre que l’aube a surprise.
 Elle voit la mer sombre et la tache du feu



Le Mépris de Godard.


et près d’elle, pour faire quelque chose, l’homme qui se réchauffe ;
 elle voit, puis tombe de sommeil entre les monts obscurs
 où est un lit de neige. L’heure qui passe lente
 est sans pitié pour ceux qui n’attendent plus rien. 

Est-ce la peine que le soleil surgisse de la mer
 et que commence la longue journée ? Demain
 reviendront l’aube tiède, la lumière diaphane,
 et ce sera comme hier, jamais rien n’arrivera.
 L’homme seul ne voudrait que dormir.
 Quand la dernière étoile s’est éteinte dans le ciel,
 lentement l’homme bourre sa pipe et l’allume. 

Pavese, L'étoile du matin

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Pour une traduction superbe......in english !!!!!



TRADUCTION JOHN TAYLOR




samedi 23 novembre 2013

Dorion/ Article Besson


La Fluidité des lieux.....


Hélène Dorion, Ravir : les lieux 

par Sylvie Besson



LE RAVISSEMENT PERPÉTUEL ! 


  Présence charnelle des lieux, la parole d’Hélène Dorion s’ordonne autour d’eux : elle construit sa lumière dans l’opposition entre la clarté saisie et la mate obscurité, entre le monde comme évènement et son déroulement comme image poétique. Ce jeu entre l’ombre et la lumière est celui du poète et de son regard, dans une relation où la blancheur des choses exposées vibre de tous les dangers, tandis que se tisse autour de tels instants la toile la plus complexe, sensuelle et insaisissable des sentiments, celle de l’être et du néant. Tout porte dans sa matière les traces d’une beauté fragile et en laisse naturellement ressortir la charge tragique ; autour des atermoiements des corps, la succession légère du ravissement des lieux compose un hors-champ douloureux et sombre qui répond aux instants de lumière. Ainsi la concrétion onirique des déplacements impose un rythme singulier, une sorte de nostalgie lourde et paisible ; le poète occupe le monde en habillant les contours des ombres, miroirs, fenêtres et visages à la guise de ses mots, les constituant physiquement autant que sensiblement dans une traversée à rebours des apparences. 



Sopro de Marcos Pimentel

  

 Sur fond de ravissement, les fulgurances imposent une aura soudaine et déconcertante. Hélène Dorion décline ici le principe de l’apparition comme une mise en lumière ontologique ; les lézardes d’une ville, les vacillements de l’obscurité, le roulement des eaux, l’intrusion d’un visage, le passage d’une voix, la permanence d’un éclat prennent la forme du poème, « [ce] lieu qui n’est aucun lieu / mais qui les porte tous. » C’est ainsi que la voix poétique accomplit un jaillissement inattendu dans le cours des jours et du monde, dans la fluidité de l’être et de ses sensations : 


« Le vent. ― Et tu chutes 
 dans le paysage :
  l’onde silencieuse 
 enserre tes pas, tes mains. 

 Au moins le jour brûlé 
 bascule. Le ciel se rompt  
avec les oiseaux  
venus à ta rencontre. »


La lumière est différente, émanation nouvelle, mais qui ne vient pas d’ailleurs ; l’horizon quotidien se rompt grâce aux forces des lieux soumis au jour énigmatique, fugace, déliquescent. Après tout, c’est une histoire d’effroi, d’émerveillement et de création, une histoire de mots comprise comme illumination, et le mystère de l’apparition est en fait celui de faire apparaître les lieux dans leur rareté : 


« l’eau qui fuit. 
 Mais qui regarde encore :
 le ciel mince 
 touche la tête 
 ravit les lieux ».


Comment alors se contenter des ombres incertaines quand on a pu voir surgir la brûlure de l’exposition au monde ? Saisir le trouble au grand jour, c’est construire par fait de langue un regard ravi, rien n’allant de soi ni dedans, ni dehors, et cette variation, cet éblouissement, ce changeant, c’est ce que regarde avec soin Hélène Dorion ; le titre ponctué de son œuvre s’érige d’ailleurs dans cette dualité, signe double, espace double, une espace avant, une espace après : 


« Émerveillée, je regarde 
 par la serrure du monde 
 j’ouvre les yeux, j’ouvre la main
  comme si j’avais été invitée 
 à cueillir les roses de mon propre jardin. » 


Poésie rivée à l’infime comme à l’universel, à ce qui semble fixe mais qui ne cesse de bouger, le poète fait remuer le réel, son texte, éclairé, palpite d’ombres à chaque page :« On n’a rien vu venir, et tout / soudain arrive. Derrière ce qui s’effondre / reste des ombres que des ombres ». La réalité tremble, les lieux se meuvent, le poète s’obstine à vivre, écrire, en se déplaçant dans le rythme du tremblement.


En somme, la poésie d’Hélène Dorion repousse l’immobilisme qui cache et dissimule, sa poésie ne s’interrompt jamais de chercher, poésie des questions qui se refuse à asséner, poésie qui n’exige pas de réponses, poésie du regard, poésie ouverte, car de lieu en lieu, de loin en loin, un mot s’élève, une bordée de mots ; une lumière éblouit plus puissante que le jour, un bruit monte plus saisissant que le murmure, un appel s’élève plus déchirant que la parole, jusqu’à ce Cri des profondeurs qui « secoue les draps de l’âme ».



 Texte Sylvie Besson (paru dans TdF)



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NOTE d’AP : première Québécoise à avoir reçu, en 2005, le Prix de l’Académie Mallarmé, Hélène Dorion a aussi reçu, en 2006, le Prix du Gouverneur général du Canada pour son recueil Ravir : les lieux. Hélène Dorion vient aussi d’être nominée pour le Prix du Gouverneur général pour son vingtième recueil : Cœurs, comme livres d’amour, publié aux Éditions de l’Hexagone (Montréal) en avril 2012.


jeudi 21 novembre 2013

Woolf

Les eaux troublantes de Woolf.....

Mais, si l’on s’asseyait au milieu des joncs pour regarder l’étang -les étangs exercent une curieuse fascination, on ne sait laquelle- , les lettres noires et rouges, le papier blanc semblaient une simple pellicule sous laquelle roulait une vie aquatique profonde, tel un esprit qui songe et médite. Bien des gens avaient dû y venir au fil de leur vie, au fil des âges, laisser tomber une pensée dans l’eau, lui poser une question, comme on le faisait soi-même en ce soir d’été. Peut-être était-ce le secret de cette fascination : il retenait dans ses eaux toutes sortes de rêves, de plaintes, de confidences, non pas imprimées ou dites à voix haute mais à l’état liquide, flottant les unes sur les autres, presque désincarnées. Un poisson les traversait, se faisait couper en deux par la lame d’une roseau ; la lune les annihilait de sa grande assiette blanche. Le charme venait de ce que, les gens partis, leurs pensées étaient restées et, sans leurs coprs, entraient vagabonder le temps qui leur plaisait, libres liantes et amicales dans l’étang commun."
La fascination de l’étang,Virginia Woolf 

Top of the Lake de Jane Campion


  Je sombre sur les noirs plumets du sommeil ; ses ailes touffues pèsent sur mes yeux. Voyageant à travers l'obscurité je vois les plates-bandes étirées, et Mrs. Constable qui surgit derrière l'herbe de la pampa et accourt pour m'annoncer que ma tante est venue me chercher en voiture. Je m'élève ; je m'échappe ; avec mes bottines à ressorts je passe par-dessus la cime des arbres. Mais voilà que je tombe dans la voiture devant la porte d'entrée, où elle est assise dodelinant ses aigrettes jaunes, les yeux durs comme des billes de verre. Oh, m'éveiller de mon rêve ! Regardez, voici la commode. Il faut que je me sorte de ces eaux. Mais elles s'amassent sur moi ; elles me ballottent entre leurs dos énormes ; je suis retournée ; je suis renversée ; je suis étirée, parmi ces longues lumières, ces longues vagues, ces sentiers sans fin, où des gens me poursuivent, me poursuivent.

Les Vagues de Woolf


Juillet a été couleur de vent et d'orage. Aussi, au milieu du mois, il y a eu, cadavérique, terrifiante, cette flaque grise dans la cour, alors que, une enveloppe à la main, je portais un message. Je suis arrivée à la flaque. Je n'ai pas pu la franchir. J'ai perdu mon identité. Nous ne sommes rien, ai-je dit, et je suis tombée. J'ai été balayée comme une plume. J'ai été emportée par un souffle dans des tunnels. Puis avec précaution, j'ai posé le pied. J'ai mis la main contre un mur de brique. Je suis revenue à moi avec beaucoup de peine, j'ai réintégré mon corps au-dessus de la flaque grise et cadavérique. Voici donc la vie à laquelle je suis destinée.

Les Vagues de Woolf


Stomboli de Rossellini



Je vous suis très reconnaissant à vous les hommes en toges noires, et à vous, les morts, de nous avoir guidés, de nous avoir protégés ; et pourtant, le problème demeure. Les différences ne sont pas encore résolues. Les fleurs hochent la tête devant la fenêtre. Je vois des oiseaux sauvages, et des pulsions plus sauvages que les oiseaux les plus sauvages surgissent de mon cœur sauvage. J'ai le regard sauvage ; les lèvres fortement serrées. L'oiseau vole ; la fleur danse ; mais j'entends toujours le fracas sourd et lugubre des vagues ; et la bête enchaînée piaffe sur la plage. Elle piaffe et piaffe.

Woolf, Les Vagues


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Lecture conseillée....
  1. V. Woolf, Mrs Dalloway - Fabula

    www.fabula.org/actualites/v-woolf-mrs-dalloway_57731.php
    26 juin 2013 - Mrs Dalloway Virginia Woolf Nicolas Boileau, Juliana Lopoukhine, Simone David (Traducteur) DATE DE PARUTION : 14/06/13 EDITEUR ...


lundi 18 novembre 2013

Rognet+article Besson



Et l'eau nous emporte !


La feuille morte
lèche l’eau, te
voilà embarqué,

tu entends ton passé
se briser sous ta peau,
tu frémis, tu as
mal, tu te tais,


Carmel d'Amos Gitai




tu regardes la feuille
s’en aller avec toi — tu
n’as pas appris
l’écriture de l’eau,

la cascade t’en veut,
tu n’as pas existé.


Richard Rognet
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Article Sylvie Besson.

« Si tu me demandes où / Est la vie promise, / Dans les méandres / Des saisons, un peu / D’ombre sera la réponse »


Faire l’expérience du noir, saisir le moment où la nuit pénètre le jour, percevoir une ombre comme s’il s’agissait d’une lueur, tel est l’univers de Richard Rognet dont la voix tente d’émerger d’une Nuit profonde, dont la parole chante autant l’obscur qu’elle est chant de l’obscur ; et lorsque la Lumière laisse ses ombres envahir la page, on le suit dans l’Ombre et on ne sait plus où l’on est. Peu importe que ce soit sur terre ou ailleurs, l’intérêt sera alors de se frayer un chemin dans cette obscurité, car cette nuit est aussi celle du travail de création en train de se faire. Quelque chose cherche à apparaître dans le doute et la fragilité, dont rien ne garantit l’épanouissement, l’œuvre posant à la fois la question fondamentale de la création et, en double fond, celle du non-retour, d’un présent obscurci par la composition du monde, personne ne pouvant précipiter son avènement ou son retour : « tu sais que venu / de la nuit, tu / reviendras en elle ». D’un côté, le combat avec sa propre voix, ses dérobades, la tentation du découragement, de l’autre, celui avec un réel insaisissable, marqué par l’imprécation, le cri, un tragique toujours latent. Ainsi se croisent des univers si proches, le cheminement du poète et l’errance de l’homme, un tutoiement peuplé d’ombres, dialogue entre le dedans et le dehors, entre l’intime et le cosmique :


Tu prends des notes
le matin, pour mieux
regarder, mieux entendre,

tu griffonnes, tu
gribouilles, comme
si tu raturais les
bavures de ton lever, […]

mais ce matin, tu le sens
dans ton corps, c’est pour
bien t’appuyer sur la vie.


De tous côtés les souvenirs douloureux surgissent, et notamment l’incapacité à en signifier la vérité, à en retrouver l’évidente beauté. Deux voix se répondent comme pour s’effacer et découvrir un autre seuil à franchir au-delà de l’insatisfaction et de l’inachèvement. L’écriture, éminemment lyrique, d’une incroyable lucidité, exprime de manière bouleversante les sentiments qui nous pénètrent de part en part ; le verbe sert une pensée forte et structurée, traversée par la précarité de la vie ; le chant prend tout son sens dès que le poète se trouve dans ce temps qu’il interroge, entre silence et mélancolie, dans une poésie qui désigne l’évanescent, questionne l’éphémère, incarnés par l'illusion du jour naissant et de tous les commencements frauduleux. La parole éperdue du Poète est ainsi jetée au vent et à un ciel assombri comme une brûlure à la face du monde :


ce noir absolu qui
t’emporte, plus loin
que les lointains, où
tout se prépare en ce
qui disparait


La poésie de Rognet est certes habitée par un double noir d’où émanent quelques énigmes sur l’être, mais le langage recrée des énigmes, l’aporie se referme lourdement sur l’espérance. Être poète de l’ombre, c’est donc être dans l’instable, c’est être dans la préhistoire de soi afin d’échapper à l’histoire d’une naissance qui compose l’être, puis dépasser également les mots habituels et avoir confiance en ce qui fuit l’homme. La démarche poétique retrouve l’immémorial silence, marque de la poésie la plus achevée, aux frontières mêmes du rien. :


La nuit — la nuit
glaciale, paisible,
et tellement d’étoiles,
là-bas, au fin fond


du temps, au fond de
mes yeux où s’écrasent
tant de lueurs ignorées —
c’est le noir entre
elles qui m’attire […]

le noir, comme les
trous de ma mémoire plus
ancienne et libre que moi.


La lumière poétique, terreuse et transparente à la fois, cherche à précipiter loin, et l’écriture donne des coups de butoir au bord du gouffre, insistant sur le tragique d’un temps qui passe irrémédiablement et celui d’un espace incertain. Le poème s’érige en élégie, une longue méditation dans laquelle la nature est plus reposoir qu’incantation, prétexte davantage à retrouver un visage familier, une origine somme toute nostalgique :


...et la rouille de l’automne
entêté ! ça claque au
vent
ça se brouille !
ça grelotte ! ça proteste !


Où sont donc nos
anciennes cachettes,
si chaleureuses, si
discrètes ?


On croit encore que c’est une ombre mais à cette ombre s’attachent un corps, des pierres, des feuilles, des cris, une chaleur, comme un rien qui insiste, qui cherche et qui perce un mystère. Et ce corps ombrageux entre dans le regard, en un instant on est lui. Rognet nous fait ainsi sauter par-dessus la clôture : on court, on lève les bras pour porter un ciel moins lourd, les yeux se ferment et on voit ; ça danse, ça gesticule, ça vit comme une gerbe de couleurs, un rire en grelots d’enfance. Rognet tente alors de remonter les lunaisons, de raviver les parole éteintes, mais l’âge avançant (« l’âge, cette / mort à contre-jour »), les allées s’encombrent de cadavres et la mémoire devient un terrifiant sanctuaire à sauvegarder, un effeuillement d’ombres plus saisissantes les unes que les autres :


nous entrerons dans
la nuit sans rien dire,
sans murmurer, nous
laisserons nos souvenirs
se pencher sur nous.


Entre défloration des signes et chant occulte de l’être, la flamboyance noire d’images dévoile ce qui blesse et déchire, il faut in fine célébrer des mondes perdus qui ne reviennent que dans le sillage des pensées les plus sombres, les plus sauvages, donnant à nous reconnaître au fil d’images effrayantes, mais ô combien révélatrices !

On dirait que le silence 
qui vient de naitre
incise les ombres
pour retrouver la vie.


Dépouillement, mais non décharnement, la poésie de Richard Rognet possède une vigueur liée à sa force musicale, le poète cultive la répétition, la forme se fait obsessionnelle dans son intensité, sa hauteur d’exigence se réalise dans l’obsession de la matière, d’une matière noire de la parole qui finit, à force de fulgurances et de persévérance, par trouver sa voie. Au parcours obscur et magnifique de ce poète, rien n’indique le chemin, un peu d’ombre seulement, à moins que ce ne soit la présence de « ce rien » qui finisse par flamber au-dessus du silence : « Il faut arracher / à nos paroles / le nom lumineux / d’un monde prochain ».


Sylvie Besson 
D.R. Texte Sylvie Besson
pour Terres de femmes



Michaux



La mer pour nous engloutir....



Pensées.
Le fils préféré de N Garcia

Penser, vivre, mer peu distincte ;
 Moi — ça — tremble,
 Infini incessamment qui tressaille.

Ombres de mondes infimes,
 ombres d’ombres,
 cendres d’ailes.

Pensées à la nage merveilleuse,
 qui glissez en nous, entre nous, loin de nous,
 loin de nous éclairer, loin de rien pénétrer ;

étrangères en nos maisons,
 toujours à colporter,
 poussières pour nous distraire et nous éparpiller la vie.

Henri Michaux, Lointain intérieur

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Une excellente étude de......
  1. Henri Michaux : une vie de Plume - Jean-Michel Maulpoix & Cie

    www.maulpoix.net/Plume.html
    Lectures critiques de l'oeuvre d'Henri Michaux. ... prose | Cours et séminaires · Le Nouveau Recueil | De l'époque... | Informations | Rechercher | Liens | E.mail | ...


    ET une approche tout en finesse de Céline


    anagnoste.blogspot.com
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vendredi 15 novembre 2013

Manyach


Suivre le fleuve et se libérer......


Rejeté dans la lumière
parmi les algues bleues des origines

projeté à l’intérieur
d’un courant lancinant qui vrille le sang

jusqu’à l’os étoilé
éclaté par les chants du mouvement

brûlé par la lance vertige
qui frappe à la porte de l’être

retrouvé dans le champ magnétique
avec l’ombre plantée au cœur de l’univers :

sombrer dans l’éblouissement
tout au fond de l’infini du torrent…

s’avancer jusqu’au vide
où ruisselle la vague de la conscience

libérer l’espace
et creuser le silence les limites remontant jusqu’à la source



Nostalghia de Tarkovski


franchir les aveux du corps
traverser la marée montante

dériver dans la verse et les limbes…

puis s’enraciner de l’autre coté
émonder les signes afin que se cabre l’indicible

prendre chair dans le matin
et dévoiler l’horizon de toute pensée

jusqu’au fleuve où se rassemblent vivants et morts
afin que surgisse un nouveau monde

Aux fêtes de la Parole

Didier Manyach, Bulletin Atmosphérique, Mai (1)

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Rappel.......

  1. NOUVEAU : DIDIER MANYACH / BULLETINS ATMOSPHERIQUES

    www.tarot-palestrina.com/index.php?...28%3Adidier-manyach-bulletins-...
    tarot-palestrina.com / leserpentvert.com · TAROT PALESTRINA · image_en_couverture NOUVEAU : DIDIER MANYACH / BULLETINS ATMOSPHERIQUES ...


samedi 9 novembre 2013

Tristan Cabral,



L'amer nous guide.....


Je suis né d’une erreur du vent et de la mer
 c’est pourquoi j’ai vécu au rythme des marées
 entre les hommes et dieu je n’ai pas pu choisir
 poisson-lune égaré sur un trottoir vitreux
 je n’ai fait que passer sans pouvoir respirer

un enfant replié s’est pris dans ma mémoire
 qui m’empêche d’atteindre au pays d’où je viens
 quand trouverai-je enfin de quoi crever mes yeux
 sur le plancher glissant d’une barque fantôme

si je viens à mourir qu’on me jette à la mer
 dans l’aube bleue des sables je trouverai ma route
 j’arriverai enfin à cette grande fête
 où mon corps fait surface à l’intérieur du sel


Finis Terrae d'Epstein

Tristan Cabral, Poèmes 
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A découvrir aussi....
  1. Juliette ou le chemin des immortelles, Tristan Cabral

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    23 avr. 2013 - Juliette ou le chemin des immortelles, Tristan Cabral, Michel Host