jeudi 28 mars 2013

Dylan Thomas


Les Pierres voient tout....

Stromboli de Rosselini



Voici la mer, verte et claire

Et dans ses flancs, mille poissons

Ondulant leurs écailles en silence

Dans un monde d’herbes vertes et claires.

Voici mille cailloux : mille yeux

Tous plus vifs que le soleil.

Voici les vagues : des danseurs

Sur un parquet d’émeraude

Font des pointes

Pour danser la mer

Légers comme pour une pantomime.

Dylan Thomas
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Nombres de poèmes traduits par Lionel-Edouard Martin sur son site:
 lionel-edouard-martin.net/tag/dylan-thomas/


dimanche 24 mars 2013

Virginia woolf

  Amas de pierres et de chairs, la ville selon Woolf !


Macadam Cowboy de John Schlesinger


  Les cercles de plomb et de pierre se dissolvaient dans l’air. Que nous sommes bêtes, se dit-elle en traversant Victoria Street. Dieu seul sait la raison pour laquelle nous l’aimons tant, et cette manière que nous avons de la voir, de la construire autour de nous, de la bousculer, de la recréer à chaque instant; et les mégères informes, les rebuts de l’humanité assis sur le pas des portes (l’alcool ayant causé leur perte) en font autant; on ne peut pas régler leur sort par de simples décrets ou règlements, précisément pour cette raison: ils aiment la vie. Dans les yeux des gens, dans leur démarche chaloupée, martelée, ou traînante; dans le tumulte et le vacarme; les attelages, les automobiles, les omnibus, les camions, les hommes-sandwiches qui se frayent un chemin en tanguant; les fanfares; les orgues de barbarie; dans le triomphe et la petite musique et le drôle de bourdonnement là-haut d’un avion, dans tout cela se trouvait ce qu’elle aimait: la vie; Londres; ce moment de juin.....



Blow Up d'Antonioni


Virginia woolf, Mrs Dalloway
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Nouveautés, études et conseils de lectures sur woolf dans l'excellent site suivant:

  1. lescarnetsdeucharis.hautetfort.com/virginia-woolf/



samedi 23 mars 2013

Cormac McCarthy

La roche est de marbre ! 




Duel au soleil de King Vidor


 Il était couché et écoutait le bruit des gouttes dans les bois. De la roche nue, par ici. Le froid et le silence. Les cendres du monde défunt emportées çà et là dans le vide sur les vents froids et profanes. Emportées au loin et dispersées et emportées encore plus loin. Toute chose coupée de son fondement. Sans support dans l’air chargé de cendre. Soutenue par un souffle, tremblante et brève. Si seulement mon cœur était de pierre. 

Cormac McCarthy, La Route. 

jeudi 21 mars 2013

Colette

La Pierre se met à nu....



The River de F. Borzage (Qui me suit, sait que Florian Poinot est ma boite à images!)


Sur ce roc incliné, il rêva de possession comme en peut rêver un adolescent timide, mais aussi comme un homme exigeant, un héritier âprement résolu à jouir des biens que lui destinent le temps et les lois humaines. Il fut, pour la première fois, seul à décider du sort de leur couple, maître de l'abandonner au flot ou de l'agripper à la saillie du rocher, comme la graine têtue qui, nourrie de peu, y fleurissait...

Colette, Le Blé en herbe

Ludovic Degroote


Les Murs sont nos labyrinthes intérieurs.....

... Filer le présent

Quand la ville dort de John Huston


les murs deviennent vieux

et la hauteur des villes

passe à travers

ceux qui passent

comme sans centre

et sans murs ils passent à travers

cette brutalité du monde

qui s’enferme mal

mémoire en friche

qui les pousse à disparaître

dans le havre du temps

sans tour et sans coin

ta ville tu la tiens dans ta main

et sa mémoire c’est la tienne

qui s’en va

filer le présent.

Ludovic Degroote (extrait, Monologue)

mardi 19 mars 2013

Julien Gracq

Les Pierres ont du souffle......


Saint-Flour : il y a un rappel de l’Italie dans la manière qu’a la ville de coiffer de ses tours la colline abrupte, dans le dessin spacieux de son esplanade, dans la belle pierre noire de ses hôtels aux courbes herbeuses, qui sont ceux d’une ancienne petite cité princière de l’Apennin ou des Abruzzes ; mais, dès qu’on quitte le sommet du plateau – sa cathédrale, son évêché, ses lourds bâtiments officiels carrés et l’arceau bas de leur porche, frais et ombreux comme le corps de garde d’une capitainerie de Castille – la dégringolade paysanne des ruelles de terre ravinées est pleine de chats errants et de traînées d’urine. Du haut de sa terrasse, par delà la coupure profonde du ravin, on découvre l’énorme dos de baleine de la Margeride qui court plonger vers le sud, les lourdes ombres de ses nuages glissant sur des sapinières plus touffues que celles des Vosges

Julien Gracq, Carnets du grand chemin





Kagemusha de  kurosawa



.....les pont-levis s'abaisseront, et les femmes du château le laveront, le parfumeront et le vêtiront de samit, de soie d'Orient et de fourrures de Varangie et le roi le priera au soir dans la grand'salle. Et les chevaliers siègeront à leur rang sur les lits de brocart d'or. Et les portes d'ivoire s'ouvriront, et les trompettes sonneront, et Montsalvage, jusqu'aux plus creux de ses pierres ne sera plus qu'un seul souffle suspendu. Et le Graal sera porté par des vierges de haut lignage sur un plateau de pierres précieuses, et il sera lumière, musique, parfum et nourriture. Et le Graal sera porté devant le Très Pur, et les lèvres du Très Pur murmureront la question qui brise les charmes : "Quel nom est le lien, le plus éclatant que la merveille ?". et la Colombe descendra sur les airs, le Graal éclatera dans la splendeur, la plaie d'Amfortas guérira, la vie coulera aux veines dans toute sa force, et le Très Pur règnera avec honneur sur Montsalvage. 

Julien Gracq, Le Roi-Pêcheur

dimanche 17 mars 2013

Mario Luzi,



Ce qui traverse la Pierre......


 Schloss Vogelöd  de Murnau


Elle s’avance entre les murs, elle est proie de la lumière


Elle s’avance entre les murs, elle est proie de la lumière…
sans doute était-ce toi, à cet instant elle est une apparition
ou peut-être tout cela qui n’a pas de paix
ou de repos ou de mouvement et qui n’est pas vrai
ni privé de substance, vanité que seul
de purs miroirs trahissent en tremblant.


C’est une vague figure, qui n’a pas de répit….
elle est notre, je la croyais une chimère
si d’aucune apparaissait par miracle
sous d’arides pentes, inconsolée,
par des voies obscures où rien ne vit plus,
rien, sinon l’espoir du tonnerre.

 Mario Luzi,  Prémices du désert.