samedi 11 mai 2013

Didier Manyach



Le chemin solaire, un labyrinthe strié d'ombres.....



...Alors dis-moi
pourquoi suis-je comme une bête blessée
Sacré soleil
un homme levé pour rien
cherchant des racines et de l’eau
venu boire
dans tes chambres à gaz
et tes labyrinthes désaxés


Chien enragé de Kurosawa

cabines de sodium où tes ombres cognent
aux vitres brûlées écrasées
par ton soleil mourant de soif
Soleil
tu es à l’envers les pieds plantés dans le ciel
je t’ai vu dans le dernière rue
Métal roman
pierre à broyer et sacrificielle
Serpent à sonnettes
tu fuyais sans jamais te retourner
cerf errant
J’ai vu les peuples chasseurs et nomades
se suicider à ta suite au large de l’Europe
J’ai lu ton testament peint sur les murs
et dans les caves obscures suintantes de la terre maudite
Un arbre frappé par la foudre
se réveillait près du fleuve où ton feu tournait
vrillait avec ses ailes de cerveau reptilien

Totem noir
Entité liquide
Décrue de tes flammes qui ont des langues
ravageuses les jours et les nuits de grandes pluies
dans tes arcs-en-ciel mégalithiques
Million de salamandres qui poussent et glissent dans nos corps
Cellules détruites
Chair aveugle Fossile Lune future
Et maintenant rampe
entre les villes illuminées invisibles
des déserts qui hurlent
sans fin
dans ton vide borgne
Matière du silence inengendré
arrache moi les yeux si tu veux
que je puisse enfin te voir
Sortir de ma tête
qui me sert de branche ou de corne
te voir en face
puisque je suis mort et ne peux y consentir
Froid spectre en ivoire
Vitesse des siècles
Souviens-toi des générations suivantes
qui tourneront sans cesse autour de ton cadavre
avec des gestes de tournesol
et leurs mains de vent couchant au levant
s’enfonçant toujours plus profondément
dans la souffrance de tes glaces figées jusqu’à l’os
Soleil de minuit
Mémoire boréale
Nous sommes vieux comme les pôles
Alphabet des ruines
que tu éclaires parfois d’un rayon inondé d’argile cuite
Soleil
J’aimais ta longue chevelure rousse de décapité
J’aimais ton masque intérieur
J’aimais tes parias
Lorsque tu quitteras les fleuves
Lorsque ton vaste estuaire rouge bœuf
s’engloutira éclipse et phénix
au centre embrasé du trou de l’innombrable Étoile
rocaille définitivement calcinée labourée
par les sabots de la destruction
Alors la Vie ressurgira
Soleil
Révolution solaire
Alors nous serons perdus pour toujours
Œuvre de la vacuité

Pardonne-nous
Et va te coucher désormais dans ton lit de roche
Écartelé et crucifié dans l’œil de l’oubli
va bramer tout seul
jardin de nerfs sans espace
que ton fantôme de viande crue revienne nous hanter souvent
chaque matin
et qu’enfin les uns dans les autres
par les quatre points de l’homme constellé
tu t’éloignes à jamais
Soleil
devenu soleil
du grand Soleil
Étranger.


Didier Manyach,  Le Sang & L’or de l'autre rive  (Extrait)


Quand Didier Manyach fit partie de l'Expérience....

http://blockhaus.editions.free.fr/BibPoesi.htm


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