lundi 26 novembre 2012

d’Ingeborg Bachmann

Contre-jour


Comme Orphée je joue
sur les cordes de la vie la mort
et de la beauté de la terre
et de tes yeux qui règnent sur le ciel
je ne sais dire que de l’obscur.
N’oublie pas que toi aussi, soudain,
ce matin-là, alors que ta couche
était encore humide de rosée et que l’œillet
était endormi sur ton cœur,
tu vis le fleuve obscur
qui passait près de toi.
La corde de silence
tendue sur la vague de sang,
je saisis ton cœur résonnant.
Transformée fut ta boucle
en cheveux d’ombre de la nuit,
des ténèbres les noirs flocons
enneigèrent ton visage.
Et je ne t’appartiens pas.
Tous deux à présent nous nous plaignons.
Mais comme Orphée je sais
du côté de la mort la vie
et pour moi bleuit à l’horizon
ton œil à jamais fermé


d’Ingeborg Bachmann 


Nostalghia de Tarkovski.
  • L’intérieur d'une âme, elle même au centre de son monde, devant l'Absence.... Devant un passé qui est derrière..... Quelque chose de lointain à retrouver.
    L'eau se mêle à la terre. Elle est un miroir, et dans sa réflexion, s'entend t
    out un monde entièrement enveloppé de sacré, purifié de pluie, comme protégeant le tout. Florian Poinot

Vincent de La soudière


De la douleur de l'enfance à la métaphore de l'enfantement



                                    Bouge pas, meurs, ressuscite   par Vitali Kanevsky,

Un livre [...]  est un enfant qui naît adulte, pourvu de toute son indépendance, et qui, sautant l'époque du berceau, se trouve projeté tout vif dans le monde extérieur sans le moindre souci de son créateur. Ainsi l'auteur ne connaîtra pour soi-même que l'obscure et incertaine gestation et la douloureuse naissance, ses déchirements, la terreur de sentir l'enfant lui échapper si tôt, échapper des mains de sa tendresse. Il ne lui est même pas permis de la choyer. Sa douceur enfantine, il n'en jouit pas quand voilà son enfant lancé à travers le monde où il s'apprête à verser au cœur des hommes des secrets bouleversants ou d'infinies émotions.

Vincent de La soudière, C'est à la Nuit de briser la Nuit.

 

Trakl


 Les fantômes, obscurs objets de désir , hantent nos crépuscules et nos miroirs !



Le Soir

Encore est jaune l’herbe, et l’arbre gris et noir,

Mais dans le soir un Vert se lève, crépuscule.
La rivière descend des monts, froide et limpide,
Et sonne, cachée dans le roc ; ainsi tes jambes
Sonnent quand ivre tu les meus. Marche sauvage
Dans le bleu ; et les cris radieux des oiselets.
Déjà très sombre, plus profondément s’incline
Le front sur de l’eau bleuâtre et du féminin ;
Se couchant de nouveau dans la verte ramée du soir.
Pas et mélancolie sonnent en concert dans du soleil pourpre.


G Trakl (traduction de Lionel-Edouard Martin)


 


Photo
    L'Aventure de Madame Muir de Joseph L. Mankiewicz

dimanche 25 novembre 2012

Rilke



 L'Enfance ou le miroir intérieur !



  1. Les 400 coups de Truffaut
    Lettre à un jeune Poète

    Une seule chose est nécessaire: la solitude.

    La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.

    Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en
    affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font.

    S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être près des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.

    Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'événements auxquels vous pouvez prendre part.

    Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.



    RILKE



Cercle 1  

Commencer par dériver........L'eau se fait Miroir





La Femme des sablesde  Hiroshi Teshigahara

Toi aussi parle

Toi aussi parle
parle comme le dernier
dit ton message

Parle -
Mais ne sépare pas le oui du non
Donne aussi le sens à ton message :
donne lui l'ombre.

Donne-lui assez d'ombre,
donne-lui en tant,
que tu en sais autour de toi partagée
entre minuit et midi et minuit.

Regarde alentour,
vois, comment ce qui t'entoure devient vivant -
Par la mort ! Vivant !
Celui dit vrai, qui parle d'ombre.
Mais voici que s'étiole l'endroit ou tu es ;

Maintenant où aller, à découvert d'ombre, où aller ?
Monte. vers le haut en tâtonnant.
Plus grêle tu deviens, plus méconnaissable, plus fin !
Plus fin : un fil,
où l'étoile veut descendre :
pour nager en bas, tout en bas,
là où elle se voit luire : dans la houle
des mots errants.

Paul Celan

"Espace
  Désert
  Lente rotation de l'heure [...]
  O cercles d'images où tourbillonne
  l'Oiseau - silex "

Thierry Metz






 Andrei Roublev ( Anatoli Solonitsyn,) Tarkovski.


"Je sens la vie toujours en cycle un long enchaînement, un Cercle, et je ne peux pas détacher un fragment parce qu’il me semble qu’un fragment n’a pas de sens " Anais Nin  Journal.

  Dans ces Carnets d'arts et d'essais (le nom est somme toute un clin de cils aux salles d'arts et d'essais que je chéris tant!), vous trouverez uniquement des motifs littéraires portés pas des textes et quelques images filmiques qui me tiennent à coeur... Mais où se tourner, vers qui, vers quoi ? Vers des glissements progressifs d'un thème à l'autre comme témoignage d’un questionnement possible, et si les motifs retenus sont traversés d’éclairs et de fulgurances tant la quête est essentielle, c'est dans un ordre circulaire que vous rentrerez en ce lieu, point de cercle dantesque mais un éternel retour sans autre objectif que celui de partager des écritures saisissantes, des images mythiques. Ainsi matière et présence de gestes invisibles naviguent d'un Cercle à l'autre pour parfois y revenir jusqu'à l'inachèvement souhaité. Intenses et fragiles, ces Cercles de la mémoire sont à la fois objets esthétiques et profondeurs des sujets en Mots-Images, vous y découvrirez aussi des notes de lectures personnelles, en toute humilité, noyées dans la profusion et le vertige des Cercles, ces dernières ne s'agrippant aux Autres que par leurs vies minuscules. SB.

samedi 24 novembre 2012

OUVERTURE EN JANVIER ?????
Ce Blog cherche sa voie, il est en cours d'élaboration  au moins jusqu'en février, merci de votre indulgence et de votre patience....