vendredi 1 mars 2013

DIDIER MANYACH ,


Ce qui ne demeure de la vie, ne durcit-il pas ?

Anonyme présence de la Fin et silence infini sur toutes

choses.

Telle est l’énigme des plus grandes pierres sur le fleuve

que les eaux éclaboussent mais n’effacent pas :



Adulaires, albâtres, obsidiennes

vous vous êtes un jour retirés du temps

seules y glissent les salamandres argentées

et la lune lorsque la nuit tombe

dans les fissures du chaos.

Azurites, géodes, gemmes, cairns

offrandes aux chemins du déluge

je vous regarde chanter

vieilles pierres, murs écroulés.

Un jour le vent sifflera entre nos lèvres

comme le souffle dans les plis de l’éternité

la pensée sur la pensée...



Stalker de Tarkovski



L’olivier dans le champ de pierres sèches :

laves nouées, flammes autour des corps

crevasses, huile verte dégoulinante au long des branches

des troncs mutilés

ce feu pétrifié sur les écorces.

Recouverts de ce qui obscurément les hante, crucifiés

couchés, abattus, sans pouvoir se résigner

à s’écrouler tout à fait

une plaie au travers du flanc.

L’eau qu’ils n’ont jamais trouvée

les olives qu’ils ne produisent plus

cette obstination pourtant à durer...

Leurs mains sont bleues comme la nuit :

on dirait qu’ils se dressent

que la lumière de l’Été les transfigure...



Celles que l’on a jetées dans le ruisseau

comme des chiens qui viennent mourir sur les plages

celles qui finissent au désert :

pierres errantes – rondes – caverneuses –

pierres-poissons, pierres-loups, pierres-lunes

pierres-prénatales, mauves, pierres-sacrificielles

comme des mots entre les mauvaises herbes...


DIDIER MANYACH ,
IMPACTS DE FOUDRE


2 commentaires:

  1. "Cosas veremos, amigo Sancho, que harán hablar a las piedras."

    Comme disait Cervantès : « Nous verrons des choses, ami Sancho, qui feront parler les pierres. »

    Jean Monod


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  2. Merci de cette citation extraite d'une oeuvre magistrale, bien à vous!

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