vendredi 29 mars 2013

Maïakovski


Dans la nuit, La Pierre luit  jusqu'à devenir étoile !

Tandis que sur le cou écumeux

Des rivières bondissantes,

Les ponts tordent leurs bras de pierre.

Le ciel pleure

Avec bruit,

Sans retenue,

Et le petit nuage

À au coin de la bouche,

Une grimace fripée,

Comme une femme dans l’attente d’un enfant

À qui dieu aurait jeté un idiot bancroche.

De ses doigts enflés couverts de poils roux, le soleil vous a épuisé de caresses, importun comme un bourdon.

Vos âmes sont asservies de baisers.

Moi, intrépide,

je porte aux siècles ma haine des rayons du jour ;

l’âme tendue comme un nerf de cuivre,

je suis l’empereur des lampes.

Venez à moi, vous tous qui avez déchiré le silence,

Qui hurlez,

Le cou serré dans les nœuds coulants de midi.

Mes paroles,

Simples comme un mugissement,

Vous révèleront

Nos âmes nouvelles,

Bourdonnantes

Comme l’arc électrique.

De mes doigts je n’ai qu’à toucher vos têtes,

Et il vous poussera

Des lèvres

Faites pour d’énormes baisers

Et une langue

Que tous les peuples comprendront.

Mais moi, avec mon âme boitillante,

Je m’en irai vers mon trône

Sous les voûtes usées, trouées d’étoiles.

Je m’allongerai,

Lumineux,

Revêtu de paresse,

Sur une couche moelleuse de vrai fumier,

Et doucement,

Baisant les genoux des traverses,

La roue d’une locomotive étreindra ton cou.

Maïakovski




Les Chaussons rouge de Powell


Ecoutez !

 Puisqu’on allume les étoiles,
 c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ?
 C’est que quelqu’un désire qu’elles soient ?
 C’est que quelqu’un dit perles ces crachats ?

 Et, forçant
 la bourrasque à midi des poussières,
 il fonce jusqu’à Dieu,
 craint d’arriver trop tard,
 pleure,
 baise sa main noueuse,
 implore -
 Il lui faut une étoile ! -
 jure
 qu’il ne peut supporter ce martyre sans étoiles.
 Ensuite,
 il promène son angoisse,
 il fait semblant d’être calme.
 Il dit à quelqu’un :
 « Maintenant, tu vas mieux, n’est-ce pas ?
 T’as plus peur ?
 Dis ? »
 Ecoutez !

 Puisqu’on allume
 les étoiles -
 c’est qu’elles sont à quelqu’un nécessaires ?
 c’est qu’il est – indispensable,
 que tous les soirs
 au-dessus des toits
 se mette à luire seule au moins une étoile ?

Maïakovski

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A propos du cinéaste Mickael Powell omniprésent dans *Les Carnets d'arts et d'essais*....


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