dimanche 24 février 2013

William Blake

Les Anges sont infernaux....


La Nuit du chasseur de Laughton



Tandis que je marchais parmi les flammes de l’Enfer, et faisais mes délices du ravissement du génie, que les Anges considèrent comme tourment et folie, je recueillis quelques-uns de leurs Proverbes ; car de même que les dictons en usage chez un peuple portent la marque du caractère de celui-ci, j’ai pensé que les Proverbes de l’Enfer manifestent la nature de la Sagesse Infernale, mieux qu’aucune description d’édifices ou de vêtements.

William Blake, le Mariage du Ciel et de l'Enfer

Frank Venaille


L'Ange incarné.....

ce
que je suis ?

Le héros de ma propre vie
ainsi
bien au-dessus de mes rêves
une femme dort dans la maison certaine

La rivière sans retour  de Preminger


sa respiration évoquant des froissements d'ailes
cela crée la vision pudique d'un corps blond re-
Couvert de plumes
le nu est dessous
il faut aller loin, le chercher loin, ce plaisir qui est le frère puîné de la joie
le chercher en-dessous
dans l'espace sonore
de la volupté
en ce lieu sombre & austère
placé
sous la surveillance murale
du
crucifié splendide

Frank Venaille

Elisa Biagini


Mains angéliques !?


DEUX MAINS



Les Innocents de Clayton

La mer apporta une main, 
ignorante comme un sou,
 corrodée par le sel de sa mère,
 rendue muette par le silence des poissons.
 Elle arriva rapide sur l’autel de la mer
 et Dieu la saisit de Son Verbe
 et il l’appela homme.
 L’autre main monta à la surface 
et Dieu l’appela femme.
 Les mains applaudirent.
 Et ceci n’était pas un péché.
 C’était comme cela devait être.

Je les vois sillonnant les rues :
 Levi se plaint de son matelas
 Sarah scrute un cafard
 Mandrake tient dans la main une tasse de café
 Sally joue du tambour lors d’une partie de football
 John ferme les yeux de la femme à l’agonie
 il y en a qui sont en prison,
 et même dans la prison de leur corps,
 comme le Christ fut prisonnier de Son corps
 avant que le triomphe advint.

Déliez-vous, mains,
 vous angéliques lacis,
 déliez-vous comme le ressort d’une sauterelle
 unissez-vous en forme de coupe et emplissez-vous de soleil :
 et maintenant, applaudissements, monde,
 applaudissements.

 Elisa Biagini  Traduction Angèle Paoli

Thomas Mann,



Le visage "angélique" de la Beauté : Le Désir et la Mort !




Il lui semblait pour ainsi dire qu’il était là pour protéger le repos de l’enfant, que tout en s’occupant de ses propres affaires il devait garder avec une infatigable vigilance l’idéal de belle humanité qui se trouvait sur sa droite, non loin de lui. Et son cœur était rempli et agité d’une tendresse paternelle, de l’inclination émue de celui dont le génie se dévoue à créer la beauté envers celui qui la possède. 

Thomas Mann, extrait de La Mort à Venise




Mort à Venise de Visconti






Mort à Venise de Visconti
  Aschenbach ne comprenait pas un mot de ce qu’il disait, peut-être les choses les plus banales du monde ; mais cela faisait une tendre et vague mélodie à son oreille.
 Ainsi parce que l’enfant parlait une langue étrangère, sa parole revêtait la dignité de la musique ; un soleil glorieux répandait une somptueuse lumière sur lui et la sublime perspective de la mer formait toujours le fond du tableau et en faisait ressortir la beauté.

Thomas Mann, extrait de La Mort à venise

Pier Paolo Pasolini


L'Ange reste à jamais invisible !


Mystère

Tous les matins du monde de Corneau
J’ose lever les yeux
sur les cimes sèches des arbres,
vers le Seigneur invisible, mais sa lumière
ne cesse de briller immense.


De toutes les choses que je sais
une seule m’est présente au cœur :
je suis jeune, vivant, abandonné,
corps de désir consumé.


 Je m’arrête un moment sur l’herbe
de la rive, entre les arbres nus,
puis je marche, j’avance sous les nuages

Pier Paolo Pasolini

Hölderlin


Les ailes de la mort !



Ordet de Dreyer



 Les bords du Gange entendirent le triomphe

Du dieu de Joie, quand de l’Indus, en conquérant,

Vint le jeune Bacchus arrachant du sommeil

Les peuples, avec le vin sacré.



Et toi Ange du jour n’éveilles tu pas

Ceux qui dorment encore ? Donne les lois, donne-nous

La  vie et le triomphe, Maître qui seul

As droit de conquête, comme Bacchus ! 

 Hölderlin,  Vocation de poète.

Bernanos


Le monde est-il plein d'Anges ?????


Les Autres de Alejandro Amenábar

 - Travaille, fais de petites choses, a-t-il dit, en attendant, au jour le jour. Applique-toi bien ; Rappelle-toi l'écolier penché sur sa page d'écriture, et qui tire la langue. Voilà comment le curé souhaite nous voir, lorsqu'il nous abandonne à nos propres forces. Les petites choses n'ont l'air de rien, mais elles donnent la paix. C'est comme les fleurs des champs, vois-tu. On les croit sans parfum, et toutes ensembles, elles embaument. La prière des petites choses est innocente. Dans chaque petite chose, il y a un Ange. Est-ce que tu pries les Anges ?

-mon Dieu, oui... bien sûr. »

- On ne prie pas assez les Anges. Ils font un peu peur aux théologiens, rapport à de vieilles hérésies des Eglises d'Orient, une peur nerveuse, quoi ! Le monde est plein d'Anges.

Et la Sainte Vierge, est-ce que tu pries la Sainte Vierge?

-         « Par exemple ! »

-         La pries-tu comme il faut, la pries-tu bien?

Elle est notre mère, c'est entendu. Elle est la mère du genre humain, la nouvelle Eve. Mais elle est aussi sa fille.

L'ancien monde, le douloureux monde, le monde d'avant la grâce l'a bercée longtemps sur son cœur désolé -des siècles et des siècles- dans l'attente obscure, incompréhensible d'une "virgo genitrix"...

Des siècles et des siècles, il a protégé de ses vieilles mains chargées de crimes, ses lourdes mains, la petite fille merveilleuse dont il ne savait même pas le nom.

Une petite fille, cette reine des anges! Et elle l'est restée, ne l'oublie pas!...

Bernanos, Le journal d'un curé de campagne