mardi 26 février 2013

Paul Celan



L'Ange à terre....


Sombre, l’œil : 
comme fenêtre de hutte. Il rassemble 
ce qui fut monde, reste monde : l’Est 
qui erre, ceux 
qui planent, les 
Hommes-et-les-Juifs, 
le peuple-des-nuées, magnétiquement, 
te hâle, terre, 
de ses doigts de coeur: 
tu viens, tu viens, 
demeure nous aurons; demeure, quelque chose 

_ un souffle ? un nom ? _ 

parcourt l’étendue orpheline, 
agile, massif, 



La Foule de King Vidor (merci Florian Poinot)



l’aile de 
l’ange, lourde d’invisible, au 
pied écorché, qu’amarre 
par le poids de sa tête 
la grêle noire qui 
tombait là-bas aussi, à Witebsk, 

_ et eux, qui la semaient, ils 
la rayent de 
leur griffe, mimétique, de poing blindé! _ 

quelque chose va, parcourt, 
quête, 
quête vers le bas, 
quête vers le haut, au loin, quête 
de l’œil, arrache 
Alpha du Centaure, Arcturus, arrache 
de surcroît le rayon, hors des tombes...

 Paul Celan, Extrait Fenêtre de Hutte

Vladimir Maïakovski



Maïakovski et les anges....le poète sur un

nuage !



Je dépose sur un nuage

la charge

de mes affaires

et de mon corps fatigué.

Endroit propice où je n’étais jamais venu avant.


J’examine les lieux.

ainsi
ce poli bien léché,

c’est donc cela le ciel que l’on nous vante


Arizona Dream d' Emir KUSTURICA


Nous verrons, nous verrons !


Ça étincelle,

ça scintille,

ça brille

et

cela bruit —

un nuage

ou bien

des esprits

qui glissent sans bruit.


« Si une belle jure un amour fidèle… »


Ici,

au firmament du ciel,

entendre la musique de Verdi ?

Par le jour d’un nuage,

je jette un œil —

les anges chantent.

Les anges vivent dignes,

fort dignes.


L’un d’eux se détache

et rompt aimablement

son silence somnolent :

« Alors,

Vladimir Vladimirovitch,

l’infini vous plaît-il ? »

Et moi de répondre aussi aimablement :

« Charmant, cet infini.

C’est un ravissement ! »


Vladimir Maïakovski, À pleine voix

lundi 25 février 2013

Jean Genet,


Un ange qui sanglote......


Le Miroir de Tarkovski

Le vent qui roule un coeur sur le pavé des cours,
Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,
La colonne d'azur qu'entortille le marbre
Font ouvrir dans ma nuit des portes de secours.

Un pauvre oiseau qui meurt et le goût de la cendre,
Le souvenir d'un oeil endormi sur le mur,
Et ce poing douloureux qui menace l'azur
Font au creux de ma main ton visage descendre.

Jean Genet, le condamné à mort et autres poèmes

René Char


L'Ange est notre silence...


La femme au portrait de Lang


L'intelligence avec l'ange, notre primordial souci. 
  (Ange, ce qui, à l'intérieur de l'homme, tient à l'écart du compromis religieux, la parole du plus haut silence, la signification qui ne s'évalue pas. Accordeur de poumons qui dore les grappes vitaminées de l'impossible. Connaît le sang, ignore le céleste. Ange : la bougie qui se penche au nord du cœur.)

René Char, Feuillets d'Hypnos

Calaferte

L'Ange déchu est parmi nous !


Hors Satan de Dumont


Ne bougez plus d'un poil, ladies and gentlemen! C'est la minute! L'instant fatal! La fin promise! Les cavaliers déboulent l'avenue, chevaux écumants, brandissant le drapeau noir dans une tourmente de meurtres accumulés sur leur passage. Un gnome femelle, rabougri, va se camper en place publique, nu, accroupi, hurlant devant la foule terrorisée, les cuisses écartelées, obscène, le regard dilaté, tout entier recroquevillé sur le trou distendu de son sexe en gésine tenu au ras le sol, accouchant, déchiré, du long corps révulsé de l'Antéchrist prêchant aux hommes rassemblés, immobiles de stupeur, la révolte et la haine des jours derniers. Viendra la morsure de cette pluie de sel et de feu. Plaie noire de l'anéantissement. Dans la pesanteur étalée du silence, une fois le brasier apaisé, se soulèvera d'entre les morts un couple sans mémoire, épargné, hôtes fantomatiques de ces lieux arides, hébétés, gémissants, ne reconnaissant pas encore la délivrance de cette pauvreté sainte du dépouillement. Un couple écrasé de peur primitive, se rapprochant craintivement l'un de l'autre, joignant leurs corps brûlés et retrouvant la raison simple des gestes de la tendresse dans cette nouvelle sépulture de vie. Trop tard pour vous en tirer par une grimace de piété hypocrite! 

Calaferte, Septentrion

Essenine


La vie rêvée des anges ?


Horizons dorés et si flous !
 La vie brûle tous ses convives.
 Et j'ai fait le porc et le fou
 Pour que ma flamme soit plus vive.

Le poète griffe et caresse,
 C'est son destin et son devoir.


Biutiful de Alejandro Gonzalez Inarritu

   J'ai cherché à marier sans cesse
 La rose blanche au crapaud noir.

Et qu'importe que dans les flammes
 Mes desseins roses aient péri.
 Si des démons nichaient dans l'âme,
 Les anges y vivaient aussi.

L'Homme noir d' Essenine

Serge Rivron

La Chair de l'Archange...... Michaël !


Shame de Steve McQueen
   Claire : voilà un personnage digne de l'histoire de Michel !... L'étoffe d'une passion, la sienne en tout cas, et la première à ce jour. Il se souviendra toujours de leur première rencontre, la méprise qu'il a failli en faire... complètement passer à côté, perdu qu'il était dans ses préventions, à force de fréquenter les poupées à 300 balles des peep-show. Il ne l'avait pas senti, mais il commençait salement à s'installer dans des jouissances tellement de masturbé, qu'il n'imaginait plus de ne pas les payer, les filles... Des crises de possessions faciles, du salariat sans négociations, sans embauche... Du suivi pourquoi pas, des hiers ou des demains à la rigueur, quand ça pouvait renforcer le plaisir, mais surtout pas d'engagement, pas de durée... Vraiment personne en face… Sans s'en rendre compte. À porter, curieusement, un regard de plus en plus sévère, moral, sur toutes les autres en général, et même sur les salauds qui trompaient leurs épouses... il ne supportait plus... les mecs qui lui racontaient au boulot leurs coucheries adultères sans se gêner, en complicité veule de mâles ; les couples qu'il fréquentait en réceptions, tout beau dehors et l'aguicherie dans les poses à peine les premières bulles de champagne, les premiers flonflons du bal, chacun pour soi la chasse est ouverte ; les confessions des mal mariées qui se frottaient à lui quand l'éclairage tamise un slow... Vaste, irrépressible, insupportable écœurement du quotidien des années partouzes... 

Serge Rivron, La Chair