Ce qui ne demeure de la vie, ne durcit-il pas ?
Anonyme présence de la Fin et silence infini sur toutes
choses.
Telle est l’énigme des plus grandes pierres sur le fleuve
que les eaux éclaboussent mais n’effacent pas :
Adulaires, albâtres, obsidiennes
vous vous êtes un jour retirés du temps
seules y glissent les salamandres argentées
et la lune lorsque la nuit tombe
dans les fissures du chaos.
Azurites, géodes, gemmes, cairns
offrandes aux chemins du déluge
je vous regarde chanter
vieilles pierres, murs écroulés.
Un jour le vent sifflera entre nos lèvres
comme le souffle dans les plis de l’éternité
la pensée sur la pensée...
Stalker de Tarkovski |
L’olivier dans le champ de pierres sèches :
laves nouées, flammes autour des corps
crevasses, huile verte dégoulinante au long des branches
des troncs mutilés
ce feu pétrifié sur les écorces.
Recouverts de ce qui obscurément les hante, crucifiés
couchés, abattus, sans pouvoir se résigner
à s’écrouler tout à fait
une plaie au travers du flanc.
L’eau qu’ils n’ont jamais trouvée
les olives qu’ils ne produisent plus
cette obstination pourtant à durer...
Leurs mains sont bleues comme la nuit :
on dirait qu’ils se dressent
que la lumière de l’Été les transfigure...
Celles que l’on a jetées dans le ruisseau
comme des chiens qui viennent mourir sur les plages
celles qui finissent au désert :
pierres errantes – rondes – caverneuses –
pierres-poissons, pierres-loups, pierres-lunes
pierres-prénatales, mauves, pierres-sacrificielles
comme des mots entre les mauvaises herbes...
DIDIER MANYACH ,
IMPACTS DE FOUDRE
"Cosas veremos, amigo Sancho, que harán hablar a las piedras."
RépondreSupprimerComme disait Cervantès : « Nous verrons des choses, ami Sancho, qui feront parler les pierres. »
Jean Monod
Merci de cette citation extraite d'une oeuvre magistrale, bien à vous!
RépondreSupprimer