vendredi 1 mars 2013

Federico Garcia Lorca


Les Anges exterminateurs...

Rixe

 Les canifs d'Albacete,

au milieu du précipice,

luisent comme les poissons

embellis de sang hostile.



Un dur éclat de poker

coupe dans le vert acide

des chevaux pris de fureur,

des cavaliers de profil



Aux branches d'un olivier

deux vieilles femmes gémissent.

Voilà que grimpe aux rideaux

le grand taureau de la rixe.



L'Ange exterminateur de Buñuel



Les mouchoirs et l'eau glacée

des anges noirs les fournissent.

Des anges aux ailes comme

à Albacete les canifs.



Juan Antonio de Montilla

mort le long du ravin glisse,

une grenade à ses tempes

et le corps semé de lys.

La croix de feu qu'il chevauche

dès lors à la mort le hisse.



Par l'olivaie vient le juge

avec un garde civil.

Le sang qui s'est enfui pleure

un refrain muet de reptile.



Ça s'est fait comme toujours,

- Messieurs les gardes civils:

cinq Carthaginois sont morts

et quatre Romains périrent.



Le soir fou de ses figuiers

et de ses chaleurs qui bruissent,

défaille sur les blessures

des cavaliers à la cuisse.



Et des anges noirs volaient

dans l'air du jour qui décline.

Des anges aux longues tresses

et dont le cœur est fait d'huile.

Federico Garcia Lorca

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