CERCLE 14
Repasser par les ombres, effacer ailes et miroirs, puis retourner à la Pierre
Le Trou de Becker |
Il y a une ombre. On dit : ombre, faute d’un autre mot. Pour donner forme à ce qui n’en a pas. On pourrait dire tout aussi bien : compagnon ¬ « ce latent compagnon qui en moi accomplit d’exister » écrivait Mallarmé. Mais ombre est moins net, plus évasif. Alors, faire le « portrait d’une ombre » ? Oui, faire signe non pas vers une image déjà visible, mais vers ce non-visible qui peu à peu se trame aux lisières du visible. Vers cette chose qui passe et vous laisse dans la bouche comme une voix silencieuse. Une voix qui parle, pourtant, qui parle, même si vous vous taisez. Ce que dit cette voix, vous n’en savez rien. Vous ne vous y reconnaissez pas ¬ vous vous y reconnaissez, peu importe. Il ne s’agit pas d’identité. Ou alors de cette identité obscure qui est une autre manière de dire qu’on ne sait rien. Qu’on est entre : entre ici et ailleurs, entre hier et demain, entre tout et rien. Entre, toujours, entre. Entre le jour, la nuit, ce qui vient, ce qui s’en va ¬ et qui revient toujours.
Le Trou de Becker |
Jacques Ancet, Portrait d’une ombre.
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