Et le plus bel ange fut enchainé éternellement à terre!
Lucifer
Je suis le rayon divin qui brille, sombre parmi les vents furieux,
je cours au loin en hurlant — comme une cloche sourde, à minuit —
dans l’obscurité des montagnes, j’allume la rougeur de l’aube,
avec l’étincelle de mes souffrances et l’étoile de ma faiblesse.
Je suis le roi des comètes — et l’esprit se déchaîne en moi,
comme la poussière du désert souffle dans les pyramides —
moi, la foudre de l’orage — et plus silencieux qu’une tombe,
je cache la laideur et l’aspect macabre des tombeaux que je détiens.
Moi — l’abîme des arcs-en-ciel — et j’aurais pleuré sur mon sort
comme le vent froid qui souffle dans l’étang parmi les roseaux fanés —
je suis la lumière et l’éclat des volcans — et dans les plaines marécageuses,
j’avance, dans l’ennui et le deuil, et je vais comme un enterrement.
La mer joue sur les cordes des harpes — le feu monte en tourbillons
depuis les paradis — et le soleil, mon ennemi ! se lève à la gloire de Dieu.
* *
*
Mon âme enchaînée à la terre par des fers
est suspendue dans le gouffre du ventre des enfers,
et dès qu’elle s’agite et qu’elle fait battre ses ailes bruyantes,
un écho sourd lui répond comme une cloche.
Sur ma voûte, je vois une étoile en feu qui brûle
[mon cœur l’aimait autrefois],
dans la beauté angélique des vitrages d’or,
elle se rassasiait de mon sang.
La beauté du diable de René Clair |
en baisers d’aurores meurtrières —
oh, mon âme, oh, mes cieux,
jetez votre flamme dans le gouffre des mers froides.
Je ne désire pas le soleil — seul et délaissé que je suis —
lançant le cri funeste des sommeils terrifiants,
ô, dieux des tombes — je fus abreuvé
comme vous — d’ambroisie — et nourri par le lait des lions.
Les orgues jouent le Requiem du chagrin et des remords,
les orgues jouent la mort des Centaures,
comme Damayanti pleure la perte de son époux Nal,
ainsi les orages, les tempêtes, la grêle et le givre —
en moi, sont éternels, comme les larmes prises dans l’opale.
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