vendredi 1 février 2013

Luc Dietrich


La Chaine des éléments....L'Homme soulevé par les vagues!


L'Ile de Pavel Lungin


L'homme qui cherche est comme sur une plage, couché entre nuit et jour, entre sécheresse et brume, entre ciel et terre.

Devant lui c'est la mer des naissances et des descentes, et derrière lui et en lui court et stagne l'eau des oublis et des abandons, et le voyage liquide des plaisirs subis.

Le feu est en lui comme il est sous la terre : feu de colère, feu de désir, feu de haine, feu caché, brûlure sans offense, feu dont il a brûlé de trous la grande trame des verdures ardentes, des troncs, des monts, des fleurs de braise, des étincelles d'insectes, la coulée des mers, le lingot des glaciers et tout ce qu'a forgé ce feu céleste dont son ? il était pourtant fait, et sali de fumée le passage de ses grands jours torrentiels, couleur de soleil.

Il est couché sur cette plage et son cœur de terre bat contre terre. Il est comme chaque chose car chaque chose est attachée à la terre, retombant sur soi-même, couchée dans ses limites. Et c'est pourquoi l'animal prisonnier dans sa fuite, l'oiseau qui pèse sur son vol, la plante empêchée dans sa souche, l'insecte tueur et l'homme, restent sourds à son appel et sourde cette caverne qu'est son propre corps où tant de grappes de vie s'enfièvrent.

Il respire, un souffle ardent le soulève, sa vie est une vague à la surface de l'air ; de l'air invisible et dénué de mystère, peuplé de fantômes, de boules de vent qui fondent et deviennent tempête. Et lui-même bourdonne de mots jusque dans son sommeil....

Mais ce monde a pour toit l'éther massif, dur comme l'acier noir, froid comme le basalte sans veine, tombeau de toutes les gloires et de tous les désastres, bronze où sonne le moindre bruit, cire vierge où les gestes secrets s'impriment pour toujours. Lieu solide gardant nos mondes mous. Vide que toute voix émeut, qu'un mouvement d'algue anime, qu'un doute raye ; champ de nébuleuses et sillons de soleils épaissis de nos morts innombrables. Océan froid où brûlent les comètes, où les trajectoires s'enchevêtrent, où les astres se cassent sans souci de durée.

Alors l'homme cherche Dieu entre les branches de la nuit.

Luc Dietrich

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