mercredi 13 février 2013

Didier Manyach



L'ETERNEL RETOUR DE L'OMBRE : "TOUT REDEVIENT NOIR..."

Metropolis de Lang



TOUS LES POINTS CONSTITUENT
LA FIGURE, partie II

..... La nuit surtout la lumière darde de leurs yeux, transparents, éblouis. De grands faisceaux traversent le ciel orageux, leurs membres se mettent en cercle.
Leurs crinières retombent jusqu'à l'aube, lentement, avec des mouvements amples que la lune lisse, blanchissant leurs faces de pierre ronde comme si le regard, les lèvres se retournaient au fur et à mesure que le jour croît. Dès lors il ne s'agira que d'attendre. S'impatienter serait les détruire...
Les journées sont de plus en plus longues. Dès que la lumière décline, les Formes se recomposent. Cela commence à l'intérieur de certaines parties du corps : l'Infiniment petit y résonne comme dans un sarcophage.
On distingue le même animal, à l'entrée de la Cité Lumineuse, dont le nom ne se trouve pas dans la Langue, inconnu de l'Espèce. Animal cosmique, peut-être...
    Il se trouvait près d'une pierre, dans la boue, tout en bas de l'édifice où s'accumulaient les ruines, les demeures abattues d'un autre empire de fastes que l'horreur avait dû ensevelir. On pouvait lire certaines inscriptions. Étendu il écoutait son coeur battre contre les aspérités rugueuses, le rythme de ses entrailles projetant sa tête, dans un rythme régulier et sourd, sur la roche imprimée de signes. Au ciel volaient les animaux ailés dans leurs constellations. Au loin on entendait les grondements de la mer derrière le rideau de feuillages.Je voyais à présent une autre forme qui se détachait peu à peu du brouillard. L'Ombre qui la cernait s'était cristallisée. Il s'agissait de roches mentales, de pluie, d'un esprit de lueurs étendant son territoire du pays d'avant-naître jusqu'aux terres de l'aube que les déserts recouvraient peu à peu d'un manteau de mort. Le silence régnait. Lorsque la Langue se retire il n'y a pas d'autre deuil possible et la gorge rend à l'éternité son rouleau d'inscriptions. Il ne reste plus qu'à compter les marques du temps, les cercles concentriques et les scarifications...
Aucun retour ne serait permis ! Pour l'instant il demeurait au bord, en attente, le masque sur son visage. Comme taillé dans le quartz, avec un bec retourné, les pattes puissantes sous lesquelles rampait une vipère cornue se frayant un passage entre les hautes herbes desséchées par le soleil. Il s'avançait ainsi : le paysage extérieur n'était que l'anamorphose d'une transformation intérieure aux analogies bestiales. Paré pour la danse il était le Corps dans sa totalité... 
  1. Didier Manyach



    La planète des singes de Franklin J. Schaffner





REMONTÉS DES FONDS
                                                     Partie II (extrait)


 Je ne sais plus de quelle ombre je parle, ni pour qui je me suis égaré. Les mots reculent comme la main du feu trop proche.
Tout redevient noir...




Man Hunt de Lang



Ce que nous laissons en surface efface- t'-il ce qui fut vécu dans la terreur, la souffrance ? Est-ce le silence ?
Séparé de l'oeuvre qui me hante, roulé, emporté dans les racines qui me happent, dans les algues du sang qui m'attirent vers les fonds...
J'habitais des étoiles mouillées au fond des rues, dans l'antre des enfers.
Je suis en marche vers des soleils qui ne brûleront plus jamais dans les signes obscurs.
Blanc sur blanc de la lumière dans le néant. Pluie l'ombre de sa face qui chute dans la lumière visible...
Dans la nuit des temps brûlent mes visages allumés comme des torches de naufrage.
Je ne sais plus de quelle ombre je parle, ni pour qui je me suis égaré. Les mots reculent comme la main du feu trop proche.
Tout redevient noir...

Didier Manyach

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