mercredi 30 janvier 2013

Piero Bigongiari

Dériver à même la Terre !

Nous regardions du haut des rochers rouges la mer


Des doigts solaires tendent une main
à ton dernier instant surhumain :
c'étaient les doigts qui tremblaient parmi les
herbes agitées et les riches ombelles
d'un haut plateau ; les uns renvoyaient
en arrière la mer sur une rive ; les autres
corrigeaient tout à coup une dérive.



A travers les rapides de Mauritz STILLER 


Tout dans un humain qui ne semble pas
tel, perdu après le talisman
perdu par ton regard sur les rochers
rouges : il faisait froid ; la vague hurlait, écueil
écumeux dans les criques qui poussaient
toujours plus loin notre voyage :
Anthéor était déjà un ante hoc...


Maintenant il est ici, dans la violence féroce
de la mort qui peut-être se défend,
je pense, du tremblement liquide de la vie
dans son seau agité.
Tu le portais, tu le portes, près du feu :
il est transparence, jeu du destin
qui a perdu la partie : un seau flamboyant


près de ce limpide ou déjà rauque ?
écoulement de ce qui ne s'imagine pas parce que
il n'a pas d'image. L'ennemi a disparu,
même l'horizon qui fut ami
de nos cris : ici dans l'air épais
quelque chose s'attarde dans le foisonnement
solitaire de l'amour avec lui-même.



Piero Bigongiari, extrait de Ni terre ni mer,

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