samedi 5 janvier 2013

ancet



De la pierre à la poussière...le silence pesant du monde!


S'arrêter, regarder simplement l'aube qui vient,
poser la main sur la pierre froide et saluer
la lumière, dire les premiers mots, écouter
le crissement du sable, le bruissement de l'eau,
la rumeur des choses qui commencent mais le jour
est déjà le soir, on n'a rien pu saisir, on reste
vacant à regarder ses mains dans l'éclat des lampes
ou sur la vitre l'attente du visage noir,
on se perd, on se retrouve, il y a des silences
remplis de voix, des matins tombés comme des soirs,
plus on avance et moins on sait, on cherche demain
entre des mots qui disent hier, ce qu'on a gagné
on l'a perdu, comparé à ce qu'on a été
on n'est rien, disait-il, mais un rien qui insiste,
on guette entre les signes du corps l'imperceptible
grignotement tandis que sur la fenêtre brille
une sorte de splendeur, on voudrait y entrer,
être le courant et à la fois se voir couler,
on cherche, les choses semblent n'avoir pas bougé
mais quand on veut les prendre, les toucher, simplement,
c'est comme si elles reculaient, s'effaçaient
ne laissant sur les doigts qu'un peu de poussière à peine...

Rebecca d'Hitchcock.....L'Homme seul sur la pierre froide......
Extrait de L'Identité Obscure, Jacques Ancet



"Il disait : les pierres n'ont plus que nous. On les entendait crisser, comme des dents, on les voyait dressées avec leurs noms, leurs dates, ou enfouies dans l'herbe haute. Certaines même étaient couchées. Elles offraient un rebord pour s'asseoir et les sentir vivantes de la chaleur du jour. Il disait : les pierres nous font des signes même  quand nous ne les comprenons plus. Est-ce lui aujourd'hui que nous ne savons plus lire - ou de loin seulement ? On voit sa pierre, on voudrait s'approcher, mais elle recule. On la cherche entre tant d'autres. On marche. Les pieds se perdent de trop de pas. On ne trouve rien."

J.ANCET, extrait de Puisqu'il est silence.



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