dimanche 20 janvier 2013

Bernanos.


  1. Sans Arbres, le dérisoire.....

    Le Sacrifice de Tarkovski



    Quand le soir tombe sur cette terre tropicale qui connaît à peine l'homme, sans passé, sans souvenirs, et pourtant si pauvre sous l'inébranlable soleil, usée jusqu'à l'os, jusqu'à son squelette de fer, par ses végétations dérisoires, inutiles, d'arbres tordus, grimaçants, tétaniques, au coeur plein de fourmis, d'herbes aïgues, de fleurs exsangues - cette terre usée avant d'avoir servi, je me demande si j'ai vraiment dépassé la marge de solitude après quoi tout retour est fermé. Puis un vent se met à souffler, venu de nulle part, tombé du ciel, absolument étranger à ce pays, auquel les feuillages répondent seulement par un cliquetis métallique, et les crapauds dorés d'un bref spasme, à peine audible, de leur gorge de cristal. Je pense soudain que toute solitude a son issue, mais qu'il faut la trouver plus avant, qu'il faut remonter la solitude, ainsi qu'on remonte la nuit, jusqu'à l'aurore.

    L'Enfance humiliée de Bernanos.

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