Il faut VOIR pour sortir?
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Oedipe-Roi de Pier Paolo Pasolini |
Il poursuivit donc son chemin ; mais que ce chemin était
long ! En effet la route qui formait la rue principale du village, ne
conduisait pas à la hauteur sur laquelle s’élevait le Château, elle menait à
peine au pied de cette colline, puis faisait un coude qu’on eût dit
intentionnel, et, bien qu’elle ne s’éloignât pas davantage du Château, elle
cessait de s’en rapprocher. K. s’attendait toujours à la voir obliquer vers le
Château, c’était ce seul espoir qui le faisait continuer ; il hésitait à lâcher
la route, sans doute à cause de sa fatigue, et s’étonnait de la longueur de ce
village qui ne prenait jamais de fin ; toujours ces petites maisons, ces
petites vitres givrées et cette neige et cette absence d’hommes… Finalement il
s’arracha à cette route qui le gardait prisonnier et s’engagea dans une ruelle
étroite ; la neige s’y trouvait encore plus profonde ; il éprouvait un mal
horrible à décoller ses pieds qui s’enfonçaient, il se sentit ruisselant de
sueur et soudain il dut s’arrêter, il ne pouvait plus avancer.
Il n’était d’ailleurs pas perdu : à droite et à gauche se dressaient des cabanes de paysans : il fit une boule de neige et la lança contre une fenêtre. Aussitôt la porte s’ouvrit – la première porte qui s’ouvrait depuis qu’il marchait dans le village – et un vieux paysan apparut sur le seuil, aimable et faible, la tête penchée sur le côté, les épaules couvertes d’une peau de mouton brune.
– Puis-je entrer un instant chez vous ? demanda K., je suis très fatigué.
Il n’entendit pas la réponse du vieux mais accepta avec reconnaissance la planche qu’on lui lança sur la neige et qui le tira aussitôt d’embarras ; en quatre pas il fut dans la salle.
Une grande salle crépusculaire : quand on venait du dehors, on ne voyait d’abord rien. K. trébucha contre un baquet, une main de femme le retint. Des cris d’enfants venaient d’un coin. D’un autre coin sortait une épaisse fumée qui transformait la pénombre en ténèbres. K. se trouvait là comme dans un nuage.
Il n’était d’ailleurs pas perdu : à droite et à gauche se dressaient des cabanes de paysans : il fit une boule de neige et la lança contre une fenêtre. Aussitôt la porte s’ouvrit – la première porte qui s’ouvrait depuis qu’il marchait dans le village – et un vieux paysan apparut sur le seuil, aimable et faible, la tête penchée sur le côté, les épaules couvertes d’une peau de mouton brune.
– Puis-je entrer un instant chez vous ? demanda K., je suis très fatigué.
Il n’entendit pas la réponse du vieux mais accepta avec reconnaissance la planche qu’on lui lança sur la neige et qui le tira aussitôt d’embarras ; en quatre pas il fut dans la salle.
Une grande salle crépusculaire : quand on venait du dehors, on ne voyait d’abord rien. K. trébucha contre un baquet, une main de femme le retint. Des cris d’enfants venaient d’un coin. D’un autre coin sortait une épaisse fumée qui transformait la pénombre en ténèbres. K. se trouvait là comme dans un nuage.
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