[...] Je l'ai tant rêvé, ce pays, que lorsqu'un jour je me suis avancé dans la profusion des vignes vers l'horizon de schiste et d'ardoise où l'Alzeau m'attendait, parmi bien d'autres miracles forestiers, j'ai cru le reconnaître, non, je l'ai, dans l'intimité profuse d'un accord enfin consacré, ce pays, je l'ai simplement épousé. Dans ces terroirs jamais pareils et profondément parents, de la garrigue aux escarpements dédaigneux, des piémonts enrubannés aux gorges d'un austère et fascinant empire, je me suis découvert, et soudain respecté. Il me semble qu'enfin mon identité difficile et menacée, lumineuse et brutale, trouvait enfin sa raison d'être et que j'étais réconcilié. Je vis ici. J'ai cherché vers les monts de Thrace ou les serras portugaises, au bord des puys ou des dépressions de l'automne en Galice, au coeur brûlant des reculées ou dans les éboulis des combes, j'ai cherché le pays qui n'était que le mien, d'autant plus ignoré qu'il se tenait en moi, face à mon aveuglement de traînard un peu relaps et sans aveu. M'y voici donc, bouleversé par le souverain souffle des provinces.
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