......dans l’ombre qui n’a pas de lendemain.
J'attends que parlent les plantes -- prises
par le profond sourire qui s'exhale
de la terre au soleil absorbés l'un par l'autre --
moi, qui ne sais pas parler, étouffé
à peine éveillé, par tant de clarté
et les sens mis à vif par l'or qui est vie
humaine chez les arbres. Or, fraîcheur,
qui gonflent ma chair de joie.
Et tout cela, de la sensuelle
douceur, n'est qu'une ombre.
Pier paolo Pasolini
EXTRAIT "Poèmes posthumes" VII
Duel au soleil de King Vidor |
Comme un esclave malade, ou une bête
j’errais dans un monde que le sort
m’avait assigné,
avec la lenteur qu’ont les monstres
de la boue – de la poussière – ou de la
forêt –
rampant sur le ventre – ou sur des
nageoires
sans usage pour la terre ferme – ou des
ailes faites de membranes…
Il y avait autour des remblais, ou des
cailloutis,
ou peut-être des gares abandonnées au
fond de villes
de morts – avec les rues et les passages
souterrains
de la pleine nuit, quand on entend
seulement
des trains épouvantablement lointains,
et des clapotis de canalisations, dans
le gel définitif,
dans l’ombre qui n’a pas de lendemain.
Ainsi, tandis que je me dressais comme
un ver,
mou, répugnant dans sa naïveté,
quelque chose passa dans mon âme – comme
si dans un jour serein le soleil
s’obscurcissait ;
à la douleur de la bête haletante
une autre douleur s’ajouta, plus
dérisoire et plus sombre,
et le monde des rêves se fêla.
Pier Paolo Pasolini. Poésie en forme de
rose (extrait) .Traduction de Nathalie Castagné
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