L'eau est mon Miroir !
Orphée de Cocteau |
Il plongea sa main dans la vasque et humecta ses
lèvres. Ce fut comme si un souffle spirituel le pénétrait : au plus profond de
lui-même il sentit renaître la force et la fraîcheur.
Il lui prit une envie irrésistible de se baigner : il
se dévêtit et descendit dans le bassin. Alors il lui sembla qu’un des nuages
empourprés du crépuscule l’enveloppait ; un flot de sensations célestes
inondait son cœur ; mille pensées s’efforçaient, avec une volupté profonde, de
se rejoindre en son esprit ; des images neuves, non encore contemplées, se
levaient tout à coup pour se fondre à leur tour les unes dans les autres et se
métamorphoser autour de lui en créatures visibles ; et chaque ondulation du
suave élément se pressait doucement contre lui, comme un sein délicat. Le flot
semblait avoir dissous des formes charmantes de jeunes filles qui reprenaient
corps instantanément au contact du jeune homme.
NOVALIS, Henri d’Ofterdingen.
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