Le Miroir comme monologue intérieur....
Mais elle courait déjà quand je l’ai entendue. Elle courait dans le miroir avant que j’eusse pu savoir ce que c’était. Si vite, sa traîne relevée sur le bras, elle sortait du miroir comme un nuage, son voile ondulait avec de longs reflets, ses talons brillaient, rapides, de l’autre main elle retenait sa robe sur son épaule sortait en courant du miroir des parfums roses roses la voix qui soufflait sur l’Éden . Puis elle traversait la véranda je ne pouvais plus entendre ses talons puis dans le clair de lune comme un nuage, l’ombre flottante du voile qui, sur l’herbe, accourait vers le hurlement.
William Faulkner .
Il arrive parfois que, seul dans la
pénombre d'une chambre vide, on croit, hypnotisé sous le vaste poids de
l'incroyable et éternel Était de l'homme, qu'en tournant
légèrement la tête, on verra, du coin de l’œil, la courbe mouvante d'un membre,
un reflet de crinoline, une manchette de dentelle, peut-être même un panache de
cavalier – et, qui sait ? à condition du moins qu'on le désire avec assez
d'intensité, le visage lui-même peut-être, trois siècles après son retour à la
terre – les yeux, deux larmes gelées emplies d'arrogance, d'orgueil, de
satiété, de connaissance et d'angoisse, de pressentiment de la mort, deux
larmes qui disent non à la mort à travers douze générations, posant encore la
même question sans réponse possible trois siècles après que ce qui les avait
reflétées avait appris que la réponse n'a aucune importance ou – mieux encore –
avait oublié la question – dans les profondeurs insondables, aux ténèbres de
rêve, d'un vieux miroir qui a regardé
trop de choses et pendant trop longtemps...William Faulkner, Requiem pour une nonne
Dillinger est mort de Ferrari |
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